Comment mesurer la performance d’un développeur
Management
Plus de commits ≠ plus de performance.
Et pourtant, beaucoup d’équipes continuent de juger leurs développeurs à la quantité de code produit. Résultat : des métriques faussées, des comportements contre-productifs, et parfois une perte de sens côté tech.
Alors, comment évaluer de manière juste et utile la performance d’un développeur ? Voici une méthode claire, appuyée sur des référentiels solides et de vraies bonnes pratiques.
1. Quantité, qualité, vélocité : les 3 dimensions à observer
Évaluer la performance d’un développeur, c’est croiser plusieurs signaux, pas en isoler un seul.
- Quantité : commits, tâches terminées, fréquence des déploiements… Trop peu = sous-engagement ? Trop = surproduction ?
- Qualité : nombre d’incidents en production, volume de bugs critiques, maintenabilité du code…
- Vélocité : lead time, temps moyen pour merger, onboarding d’un nouveau dev…
📉 Exemple concret : un développeur avec 700 commits et 0 déploiement ? Une anomalie. Tout comme 50 développeurs pour une simple to-do list.
📈 À l’inverse, une équipe plus réduite mais autonome, avec peu d’incidents, peut livrer plus vite — comme l’a montré Netflix en réduisant de 50 % sa team… tout en augmentant sa productivité de 150 %.
2. Les bons KPI pour suivre la performance
🔢 Indicateurs quantitatifs
- Commits et pull requests : à prendre avec recul (trop ≠ mieux)
- Déploiements en production
- Durée du cycle de développement : temps écoulé entre une tâche ouverte et sa mise en prod
- Mean Time to Merge : efficacité de la collaboration
- Temps d’onboarding : rapidité à rendre un nouveau dev opérationnel
✅ Indicateurs qualitatifs
- Qualité du code (lisibilité, maintenabilité, absence de dettes)
- Robustesse : taux d’échec des changements, incidents après livraison
- Collaboration : capacité à travailler en équipe, à documenter, à transmettre
- Satisfaction produit/client : retours internes ou externes
⚠️ Indicateurs à éviter
- Lignes de code produites
- Nombre de bugs “résolus” (parfois créer plus de bugs rend plus visible)
- Activité brute non contextualisée (présence ≠ productivité)
3. DORA & SPACE : deux cadres pour voir plus loin
🔧 Le cadre DORA
Issu du DevOps, il mesure la performance de livraison :
- Fréquence de déploiement
- Délai de livraison des changements
- Taux d’échec des changements
- Temps de restauration du service
👉 Utile pour suivre la performance opérationnelle et la fiabilité de la chaîne de livraison.
🌐 Le cadre SPACE
Propose une vision plus complète, autour de 5 axes :
- Satisfaction / bien-être
- Performance (qualité & impact)
- Activité (volume de tâches)
- Collaboration
- Efficacité (blocages, interruptions…)
👉 Idéal pour équilibrer les indicateurs techniques et humains.
4. Mesurer sans démotiver
Des KPI, oui. Mais pas n’importe comment.
Voici 3 bonnes pratiques :
- Adaptez vos indicateurs au contexte (projet, équipe, séniorité…)
- Privilégiez les objectifs d’équipe plutôt que des classements individuels
- Misez aussi sur le feedback humain (entretiens, peer review, rétros…)
Un bon KPI doit aider à progresser, pas culpabiliser.
En résumé
Mesurer la performance d’un développeur, c’est aller au-delà des chiffres.
C’est combiner des métriques de livraison, de qualité et d’interaction, sans oublier le facteur humain.
Pour évaluer vraiment ce qui compte :
- Suivez quantité, qualité et vélocité sans obsession des chiffres
- Utilisez des cadres comme DORA (livraison) et SPACE (vision globale)
- Adoptez un suivi collectif, évolutif, orienté amélioration continue
💡 La performance ne se pilote pas au microscope, mais avec du recul — et de l’intelligence collective.